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Dreiland News : Bonjour Anna ! Une vie entre deux pays. Interview menée par Clémence Prillard

Dreiland News : Bonjour Anna ! Une vie entre deux pays. Interview menée par Clémence Prillard

Anna est une ancienne étudiante du Lycée Mermoz qui étudie maintenant à l’Université de Bâle. Elle nous parle de son parcours et de ses projets, déjà bien engagés sur la voie du succès.

Dreiland News : Bonjour Anna ! Tu as 22 ans, tu es de nationalité suisse, mais tu parles parfaitement le français, peux-tu nous expliquer pourquoi ?

Anna Fersztand : Bonjour ! Alors, quand j’avais neuf mois, mes parents ont déménagé à Neuwiller en Alsace, petit village très proche de la frontière suisse. Ils m’ont alors placée dès mes trois ans en maternelle, donc dans le système scolaire français, et j’y suis restée pendant quinze ans, d’où ma bonne connaissance de la langue.

D.N. : Comment as-tu appréhendé ces années de scolarité française ?

A.F. : Je dois avouer que ça n’a pas été facile. Je devais constamment traduire mes réflexions, mes pensées du suisse au français ! Mais bon, au final ça rentre dans une normalité, et ça m’a permis d’être bilingue sans grand effort. J’en suis d’ailleurs reconnaissante, car j’estime que ça m’a ouvert des portes, d’autres horizons.

D.N. : Après avoir passé quinze années de ta vie dans le système scolaire français, tu as choisi de poursuivre tes études universitaires en suisse, et plus particulièrement à Bâle. Pourquoi cela ?

A.F. : En fait il a toujours été très clair que j’irais faire mes études universitaires à Bâle. Ma sœur aînée l’a fait, et mes deux parents enseignent en Suisse. De plus, ce n’est pas loin de mon village alors qu’étudier à Mulhouse ou Strasbourg aurait engendré des frais et autres complications logistiques qui me sont donc épargnées aujourd’hui.

D.N. : Du coup, forte de ta double expérience franco-suisse, comment comparerais-tu les deux systèmes d’enseignement?

A.F. : Je dirais, même si je ne l’ai pas vécu moi-même, que les relations au sein de la classe et entre les professeurs et les élèves sont plus étroites dans le système suisse. La manière d’enseigner en Suisse amène le professeur à créer un lien avec l’élève, quelque chose de beaucoup moins formel qu’en France, où je trouve que certains enseignants sont très froids, très distants. Du coup, le professeur connaît mieux son élève, parce qu’il aura pris le temps de parler avec lui, et donc pourra mieux juger de ses capacités, sans le cataloguer dans la catégorie «bon » ou «mauvais élève » donnée par les notes. De plus, en France ce n’est pas le professeur qu’on a eu tout au long de l’année qui corrige nos copies de Baccalauréat. En Suisse, si, et je crois que cela met les élèves en confiance : ils sont appréhendés comme quelqu’un, et non comme un numéro anonyme.

D.N. : Il paraît donc y avoir d’assez importantes différences entre les deux systèmes. Penses-tu que le système français gagnerait à s’aligner sur le suisse, ou du moins à ce qu’il y ait une harmonisation des deux manières d’enseigner pour permettre aux élèves étrangers de mieux s’adapter aux études dans l’un ou l’autre pays ?

A.F. : Je crois qu’il est difficile de donner une réponse concrète, car même si je pense que les professeurs français gagneraient à s’ouvrir un peu plus à leurs élèves, à les connaître pour voir leur vraie valeur, cela ne fait pas tout. A l’université par exemple, il me semble qu’un étudiant qui fait ses études en France sera mieux encadré dans son choix d’études, dans son cursus, alors qu’à Bâle, c’est l’étudiant qui se fait son propre emploi du temps et cela peut devenir un facteur de stress, surtout quand il s’agit de bien coordonner ses cours pour recueillir assez de points de crédits, etc… il faut savoir s’organiser. Une autonomie que j’ai eu du mal à construire au lycée, faute de motivation et de confiance en moi, chose à laquelle mes enseignants français aurait peut-être dû être plus attentifs.

D.N. : Tu as passé toutes ces années dans cette région, passant de la Suisse à la France, pour les études, pour les sorties…Bien que limitrophes, les villes de Bâle et de Saint-Louis diffèrent assez, comment ressens-tu cette différence ? Où te sens-tu le plus à l’aise au final ?

A.F. : Je dirais que Bâle à l’avantage d’être une ville multiculturelle, donc de regrouper toutes sortes de personnes, et je ressens du coup une certaine ouverture d’esprit, une absence de jugement, physique notamment. Mais si je m’y sens à l’aise, c’est peut-être aussi parce que je suis suisse et que je m’identifie donc à cette mentalité. C’est une question complexe, car l’expérience de la France a surtout été scolaire pour moi, et le lycée est une phase difficile où on développe son jugement, où on manque souvent de recul, mais j’ai l’impression qu’il y a un certain lien social qui unit les gens à Saint-Louis.

D.N. : En parlant de lien social, j’aimerais beaucoup parler de ce que tu fais à côté de tes études. En effet, depuis peu, tu organises des événements, et ton prochain projet est un festival de courts-métrages qui propose des films réalisés par des étudiants ou réalisateurs confirmés venus de Suisse et du Kosovo. Peux-tu nous raconter comment tu en es arrivée là ?

A.F. : Oui, en fait à côté de mes études sur les Médias, j’ai eu la chance de travailler en tant qu’hôtesse d’accueil au précédent festival, qui d’ailleurs a lieu tous les ans depuis 2007, et où j’ai fait connaissance d’une personne en charge de l’organisation. Elle a aimé ma façon de travailler, mon ouverture, mon contact facile avec les gens, et m’a proposé de travailler pour l’association SWIKOS, qui organise le festival. Cette personne a vu mes qualités au-delà de mes qualifications scolaires, et cela m’a motivée pour faire partie de leur équipe. Depuis j’ai organisé un combat de boxe, j’en fais moi-même, et maintenant le prochain festival de courts-métrages, prévu pour novembre 2015 !

D.N. : Que propose ce festival exactement ?

A.F. : SWIKOS est une association qui a été créée en 2007 et qui veut promouvoir le lien entre les citoyens suisses et leurs concitoyens kosovars et albanais. A travers les différents films proposés, ils veulent faire passer un message d’ouverture d’esprit, de respect et de tolérance envers les cultures étrangères et favoriser le lien social entre le pays et ses minorités. De plus, l’accent est porté sur la créativité des jeunes générations d’artistes. En tout, 14 films seront proposés au sein du Stadtcasino à Bâle, répartis en deux soirées où les spectateurs pourront voter pour les films qui leur auront plu. Le festival est d’ailleurs ouvert à tous et cela gratuitement, notamment car il est financé par des fondations et autres organismes soutenant le projet.

D.N. : C’est un très beau concept qui mérite d’être amplement reconnu, et pas seulement à Bâle. Que penserais-tu de l’ouverture de ce festival aux français et aux allemands ?

A.F. : Je pense que ce serait super, et plus encore pour des lycéens apprenant l’allemand ! D’ailleurs ce sont des films qui s’adressent aux jeunes, qui parlent d’intégration, d’ouverture… J’aimerais beaucoup que de jeunes français et allemands puissent les voir. Les films sont en version originale sous-titrés en allemand, certes, mais le contexte de l’histoire se passe souvent de traduction et se comprend très bien. Je crois même que ce serait une bonne idée que des classes d’élèves français faisant de l’allemand en spécialité ou en cursus bilingue viennent accompagnés de leurs professeurs. Ce serait un privilège pour eux d’assister aux projections, aux votes, à la remise des prix… et je serais très heureuse d’y avoir contribué !

D.N. : Ce serait une très belle idée de sortie scolaire, en effet ! Merci Anna, d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, et je te souhaite au nom de Dreiland News une très bonne continuation, dans tes études comme dans ton travail d’organisatrice d’événements !

A.F. : Merci à vous de l’intérêt que vous nous portez, à moi comme à SWIKOS ! A bientôt au festival j’espère !

Toutes les informations concernant le festival sont à retrouver sur le site http://www.swikos.com

Interview menée par Clémence Prillard

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